L’enseignement qui éveille
les industriels de demain

Interview Jean-Yves Fourniols, directeur relations entreprises et alumni et directeur formation continue paru dans le Hors série Occitanie Revue PERSONNEL de l’ANDRH

L’INSA Toulouse se distingue par son positionnement différenciant et son modèle inclusif, ancré sur le territoire local et internationalisé. Qu’en est-il ?

L’INSA est un groupe de sept écoles présentes sur les provinces françaises. Cette spécificité de proximité régionale a été mise en place dans le but de s’inscrire dans une logique de diversité sociale en proposant un continuum avec le lycée accessible à tous les élèves ayant décroché le baccalauréat. En termes de formations, l’INSA propose à ses étudiants huit spécialités d’ingénierie (les biotech, l’environnement , la chimie, la physique, les systèmes embarqués, l’informatique, les mathématiques appliquées et le génie civil), ce qui en fait aussi un groupe pluridisciplinaire. Notre établissement toulousain compte, à ce jour, 2 800 élèves ingénieurs de 79 nationalités différentes. 37 % sont des femmes. La diversité reste donc au coeur de nos valeurs principales, que nous mettons en exergue à travers notre méthode d’enseignement. Nous souhaitons en effet préserver au maximum l’identité de chacun et proposons donc un parcours professionnel individualisé. Nous prônons aussi la solidarité et l’excellence académique, à travers des partenariats solides.

Jean-Yves Fourniols est directeur relations entreprises et alumni et directeur formation continue au sein d’INSA Toulouse. Dans cet entretien, il met en lumière le positionnement de l’école sur le territoire local, et déroule l’accompagnement proposé par le groupe pour et par les entreprises.

D’être au plus proche des entreprises, l’école a adopté une démarche d’accompagnement et de co-construction pour et par les entreprises. Comment s’articule cette démarche ?

Nous sommes conscients que nos élèves ingénieurs doivent rester en phase avec les besoins immédiats de l’entreprise et doivent également savoir anticiper les évolutions de demain. Dans ce cadre, nous proposons une bi-approche dans le but de créer une proximité avec des industriels. Cette approche, qui sensibilise aussi les étudiants aux enjeux sociétaux comme la transition écologique ou la transition numérique, est un excellent moyen pour eux de toucher au milieu professionnel et d’intégrer les meilleurs réflexes professionnels. Cela passe en effet par des formations, des stages, des forums, des conférences… Nous souhaitons sensibiliser au maximum nos élèves ingénieurs et leur faire développer une vision très pointue de l’entreprise et de ses besoins. Cela passe par un cer tain éveil. Nous proposons donc, dans ce cadre précis, des formations comme « L’hybridation des formations en humanité et technologie », qui permet aux étudiants ingénieurs de développer un coefficient émotionnel, que nous jugeons primordial au sein d’une entreprise aujourd’hui. Parmi nos formations, trois de nos filières sont ouvertes en apprentissage.

Parmi les étudiant s inscrits, 15 % terminent leur formation en alternance en contrat de professionnalisation : ce pourcentage élevé montre la volonté d’appliquer les sciences dans le milieu de l’entreprise. Loin de laisser nos étudiants passifs, nous les mettons à l’épreuve chaque année. Ils organisent en ef fet des forums qui les mettent directement en relation avec les recruteurs. Cela les confronte aussi à l’épreuve fatidique de l’entretien d’embauche puisque nous leur faisons, entre autres, faire des simulations. Toujours dans le même esprit de rencontre avec le milieu professionnel, nous proposons des Hackathons : des réunions collaboratives avec des industriels pour faire émerger des idées. Cette année 2021 sera en outre marquée par une nouveauté : un projet que l’on appelle « les arènes de partenariat ». Il s’agit d’un « Challenge Base Learning » qui a pour but de créer des liens avec les différentes ONG, les représentants de collectivités territoriales et les startups. La thématique retenue cette année portera sur l’économie circulaire. Dans ce cadre, un spécialiste du métier mettra à disposition de nos étudiants un cahier des charges, qui représentera une sorte de guide aidant l’étudiant à suivre un dossier ou un projet et à en faire l’évaluation. Aussi, comme dans toutes les écoles, nous organisons des conférences pour présenter différents métiers à nos étudiants.

Dans ce cadre-là, nous mettons un point d’honneur à ce que toutes les entreprises – qu’elles aient contractualisé avec nous ou non, qu’elles soient membres de notre fondation, ou bien qu’elles soient donatrices en taxe d’apprentissage – voient leurs offres (stage, embauche, VIE, alternance…) portées au même niveau de connaissance auprès de notre communauté. Pour les entreprises qui sont déjà implantées depuis des années, ou qui ont des projets de développement, nous proposons un accompagnement de la marque employeur de leur campus manager.

 

Qu’en est-il au niveau de la formation des cadres. Que proposez-vous ?

Le leitmotiv de notre département est une phrase de George Eliott qui dit qu’« il n’est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être ». Aujourd’hui, il est certain qu’au cours d’une carrière un cadre sera amené à changer de métier, à faire évoluer ses compétences et à en acquérir de nouvelles. Fort de constat, il est évident que la formation tout au long de la vie professionnelle est plus que jamais une mission adressée par les écoles et universités. À partir de là, nous mettons toutes nos expertises au service des entreprises afin de remplir à notre niveau cette mission de service public. Dans ce cadre, nous proposons des dispositifs classiques de reprise d’études d’ingénieur, des mastères spécialisés, ainsi que la VAE qui concerne tous nos diplômes. Au niveau de l’accompagnement en compétences technologiques, en partenariat avec des industriels, nous co-construisons des modules de formation.

Pour former en situation professionnelle des salariés, cette relation partenariale entre le monde industriel et universitaire est une nécessité. Cette démarche permet non seulement d’accompagner la montée en compétences des salariés et leur réorientation professionnelle. Par exemple cette année, sur demande d’un industriel, nous avons accueilli des professionnels en reconversion métier dans un mastère spécialisé en cybersécurité. L’entreprise en question s’est, par ailleurs, engagée à recruter les par ticipants et leur a même proposé des CDI. L’ensemble de ces formations sont certifiantes et la plupart sont éligibles au CPF. Ces formations sont délivrées au niveau de notre établissement qui s’inscrit au sein de l’université de Toulouse. Dans le contexte actuel de la crise de la Covid-19, de plus en plus de cadres cherchent à se réorienter professionnellement. Pour accompagner ce besoin, nous les réorientons vers des modules spécifiques de nos mastères spécialisés, comme notre mastère spécialisé d’ ingénieur d’affaires industrielles qui, encore cette année, est classé 1er au niveau national. Aujourd’hui, l’enjeu en matière de formation des cadres est de pouvoir proposer des formats différents et flexibles afin de répondre aussi bien aux besoins des industriels, des salariés, que des demandeurs d’emploi ou des cadres en réorientation professionnelle.

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